on m'a dit que ça ira mieux demain

C'est faux. 
J'ai beau attendre ce "demain" que tant de gens me promettent, l'attendre ou même essayer de le construire, rien n'y fait. Toujours pareil, la même mélancolie. La même tristesse au fond de mon coeur, avec un arrière goût de déception et de colère. Contre qui, contre quoi ? J'en sais rien, probablement moi.
Des fois je me lève et me dis "Aujourd'hui, tu es heureux. Tu es heureux, personne ne pourra t'enlever ce bonheur. Avance et ne te retourne pas." et ça marche quoi, jusqu'à la fin de la matinée, pas plus. J'avance, je cours, je fuis sans me retourner mais le malheur et la douleur me rattrapent quoi que je fasse.
C'est épuisant.

Je suis effrayé, je m'isole, j'ai très peu de contact avec le monde extérieur, j'ai du mal à répondre aux messages qu'on m'envoie et à en envoyer. Je me sens couler doucement dans quelque chose qui ne me plait pas mais je n'arrive pas à bouger, comme si j'étais curieux de savoir ce qu'il se passera lorsque j'aurais touché le fond. La chose est que, je le sais très bien, je l'ai déjà touché ce fond, et j'étais bien content de me retrouver la tête hors de l'eau. Alors pourquoi ? Pourquoi suis-je aussi attiré vers le bas, alors que ce que je veux et ai besoin ne se trouve pas là ? 
Putain pourquoi j'suis pas mort ce soir là ? 
Pourquoi je suis sorti du coma ? 
Je ne voulais pas. 

J'en veux au monde entier mais je crois que la personne à qui j'en veux le plus, c'est moi. Je m'en veux pour ne pas savoir nouer des liens avec d'autres personnes, pour être aussi fainéant, pour décevoir et inquiéter les gens qui m'entourent, pour ne pas apporter à mes animaux ce dont ils ont besoin parce qu'il a toujours une bonne excuse pour ne pas le faire maintenant. Je m'en veux aussi pour exister, car mon existence a fait beaucoup de mal, et la fin de cette dernière fera de même beaucoup de mal. 
Je ne comprends pas ces gens qui me disent être attachés à moi, me dire que je suis quelqu'un d'important pour eux, que c'est la première fois qu'ils rencontrent une personne comme moi mais qu'au bout d'un certain temps je n'existe plus pour eux. Ils se rappellent juste que je suis là quand ils vont mal ou quand ils ont un truc à me demander. Je sais que c'est comme ça avec beaucoup de personnes, moi-même je le fais, mais à contrario je ne fais pas croire à mes proches qu'ils sont tout pour moi. C'est douloureux et fatiguant d'être l'aimé-rejeté à tout bout de champ. 
Je me nourris mal, je ne fais plus rien d'intéressant, je ne sors plus ou alors très peu et communique seulement lorsque c'est nécessaire.
Est-ce là seulement encore une vie, ça ?

Alors oui, c'est vrai, je suis malheureux. 
Malheureux, en colère et dépourvu d'énergie. 
Et non, ça n'ira pas mieux demain.